SUR LA GRÈVE CE SOIR
Concours de sonnets - Académie OCTAÈDE 2023 - 2ème mention
Sur la grève ce soir je me mêle au déclin :
À la lande silence, à la falaise ocrée
À la vase de soie, à la roche cendrée
Au ciel s'effilochant marbre sarrancolin.
J'entends battre mon corps expulser le trop-plein,
M'élever plume libre et suivre la marée
Vers l'horizon rougi rejoindre l'empyrée
Frôler l'écume rose à la course tremplin.
Je m'abandonne au rêve, à l'onde féerie
Qui réveille l'enfant jusqu'à l'âme pétrie
Quand le soleil se noie en bouquet scintillant.
Il fait surgir le rite, au bord de ma mémoire,
Quand mon père écrasait son mégot pétillant
Sur un galet noirci face à la mer de moire.
Dany GOGLY LEBON
BEL OISEAU
(Le pigeon de Nicobar)
(1er PRIX du Dr Lucas - Sté Académique Nantes et Loire-Atlantique 2016)
Parlez-moi bel oiseau de vos îles lointaines
Qui vous donne l’habit d’arc-en-ciel irisé
Et le pas martelé des femmes chics, hautaines
Sur les podiums de stars que l’on voit pavoiser.
Sont-elles entre des eaux turquoises et limpides
Paradis, séquestré par quelque âpre gardien,
Que l’on craint d’abîmer par nuisances stupides…
Nicobar dites-vous… dans l’Océan Indien ?
Gardez-vous la forêt, la mangrove secrètes
Où vos roucoulements s’entendent à couvert
Dans le sombre du nid, vos couvaisons discrètes
Fuyant cage et méfaits, votre éclat le revers ?
Le Simorgh aurait-il pour sublimer son mythe
Saisi votre camail et chatoiement cuivré
Qu’avivent vos amours et que l’envie imite ?
Le beau frôle les cœurs pour mieux les enivrer.
Quand votre aile au soleil éclabousse le rêve
Évoquant les pigeons, comment ne pas brosser
Le portrait lumineux qui sur la liste grève
La besogne du monde au genre menacé.
dgl
L’ÉCHAPPÉE
(1er Prix Association Encres Vives et CAC Cholet 2015)
Par l’opportune faille
À couvert sous la mousse
Poussée à la surface
L’onde éblouie écoule
Son babil cristallin
Sur le bord de pierraille
D’une flaque de ciel
Où courent les nuages
Sautant d’une margelle
S’affranchit le trop-plein
En guirlande limpide
Sur la pente en dévers
Entre le roc, l’argile
Jusqu’au creux de l’ornière
Entaille dans le pré
Contre les tiges grêles
Le ru trotte et bondit
Éclabousse la prèle
Disparaît sous le gué
Bouillonnant ressurgit
S’échappe de sa source
En clins d’œil de soleil
Chante vers nul retour
Donner vie à la plaine.
dgl
ANCRAGE
(1er Prix Arts et Lettres de France - Bordeaux 2015)
Il tapote sa cuisse au rythme saccadé
D'un vieil air de marin, rivé dans sa mémoire
Que jeune homme il chantait, le regard évadé,
Vers les océans fous, creux et crêtes de moire.
La terre l'a planté dans ses sillons bourbeux,
La racine profonde égale à sa lignée,
Accoré dans son clan d'hommes guère verbeux,
Aurochs à l'âme franche et l'humeur résignée.
Il a tramé son sort à son amour vital,
Aux rives du devoir amarré ses chimères,
De ses gènes produit son plus beau récital,
Écopé les reflux des écumes amères.
Il se voit, les yeux clos, chevauchant le beaupré,
Intrépide gabier sans contrainte ni charge
Sillonner l'océan vers l'horizon pourpré,
Cueillant aux aléas les ivresses du large.
Quand son petit enfant se serre sur son cœur
Bien plus fort que son rêve, il goute la caresse
D'un passé sans regret qu'il parcourt en vainqueur
Bercé par le roulis d'une mer de tendresse.
dgl
PALMARÉS
Sté Littéraire et Artistique de La Baule :
1991
-Tendre Amour (Lettre d'amour) - 2ème Prix
Grand Prix Amitié Solidarité de PAU :
1991
- Que ne suis-je né chien (Humour) - 1er Prix
Sté Académique de Nantes et Loire-Atlantique :
1991
- L'attente (Sonnet) - 6ème Prix
5ème Prix pour un ensemble de poèmes :
- Somnolence (Ballade)
- Vent d'été (Rondel)
- Automne (Sonnet)
2015
2ème Prix pour un ensemble de poèmes :
- Sur la grève (classique)
- Au creux de la nature (sonnet)
- Invisible amoureux (classique)
- Déraison (classique)
2016
1er Prix pour un ensemble de poèmes :
- Bel oiseau (classique)
- L'océan (sonnet)
- Marcheur solitaire (classique)
- Plonge dans ta soif ta plume exigence (classique)
Ass Théâtre & Poésie de Brière de St-Johachim (44)
2013
- Au tréfonds de mon être (sonnet) - 3ème Prix
2014
- Éclatante lande (sonnet) - 1er Prix
L'Essor Poétique de La Roche-Sur-Yon :
2014
- J'aime musarder (poésie libérée) - 3ème Prix
Sté Arts et Lettres de France de Bordeaux :
2014
- Gwenn ha du (sonnet) - 1er accessit
- Sous la dentelle (triolet) - 1er accessit
2015
- Ancrage (classique) - 1er Prix
- Des Guettes aux Palus (classique) - 1ère mention
2016
- Des glands (humour) - 1er accessit
- Tango (classique) - 1er accessit
- Sur la falaise (ballade) - 1er accessit
Concours Heure du Poème de Troyes :
2016
- Pêcheur de métaphores (calligramme) - 2e mention
- Liberté du vent (classique) - 1ère mention
Association Encres Vives et CAC de Cholet :
2014
- L'île de mes joies (poésie libre) - 2ème Prix
2015
- L'échappée (poésie libre) - 1er Prix
2019
Le théâtre d' Honoré ( NOUVELLE) - 2ème Prix
2020
Max, le fils adoré (Nouvelle) - 2ème prix
2023
Académie OCTAÈDE
Sur la grÈVE CE SOIR (Sonnet) 2ème mention
ÉCLATANTE LANDE
Éclatante est la lande en jupon de bruyère
Dentelle d'améthyste à la ganse d'orpin
Des ajoncs débordant, ressauts de galopin
Vers l'à-pic escarpé, sous la sente côtière.
Serti dans le granit, d'un trou de boutonnière,
Se penche sur le vide un rachitique pin ;
Cocasse frange éparsse au front d'un roc poupin
Le menton souligné de brins en lavalière.
Sur la toile le peintre a saisi le meilleur ;
Friselis d'enthousiasme à l'âme du pilleur.
Une ombre au paysage agace sa sagesse ;
D'un treillis d'aquarelle il ajoute en remords :
De noirs bouquets vomis par l'écume en détresse,
Un azuré flottant près d'un cormoran... mort.
DGL
SUR LA GRÈVE
Aux soupirs de la mer, les vagues sur la grève
Déposent au galop des fronts de gouttes d'air
Contre la roche noire où s'interrompt le rêve
D'un migrant manteau gris, son âme dans l'éther.
Il a marché longtemps dépouillé par la guerre
La rage dans ses pas vers l'avenir meilleur
En poche des photos, quelques grammes de terre,
Du sang dans sa mémoire, au ventre la frayeur.
Sa route vers le nord l'a mené face au large ;
Á prix déraisonnable embarqué clandestin
Aux côtés d'inconnus l'espoir pour toute charge
Ils se sont soutenus donnant chance au destin.
Frêle bateau bondé sur l'onde turbulente,
Seul dans l'immensité, le jour à l'horizon,
A subi sans défense une gifle cinglante
Jetant par-dessus bord la noble cargaison.
Le flux lèche ses pieds puis toute sa personne,
Le chahute en douceur de clapotis spumeux ;
Un vend tiède le frôle, en lui rien ne frisonne.
C'est alors qu'il est mort que le monde s'émeut.
DGL
L'ÎLE DE MES JOIES
L'île de mes joies
Blottie dans mon intime
Est faite de petits riens :
De squames de terre vivante
Baignée de jour
Éclairée de lune
Semée de vert et d'eau
De touches de couleurs
De friselis d'impressions
D'un mirage dans la brume
Des couchants jamais pareils
De rêves
Á ne pas vouloir dormir
De pas de ventouse
Jouant dans la vase
D'une caresse salutaire
Quand le corps souffre
Quand la vie gifle
Quand le cœur toque
D'apesanteur après l'effort
Éffort récompensé
Récompensé d'un baiser
Baiser de vent
Vent de rien
L'île de mes joies
Strates de bribes de vie
Phare
Résiste aux coups de boutoirs
Qui assaillent, sapent, démolissent.
DGL
QUE NE SUIS-JE NÉ CHIEN !
1er prix de l'humour
Que ne suis-je né chien ! Fidèle compagnon,
Attendrissant, gentil, un petit chien mignon
Suscitant les émois d'une douce maîtresse
Toujours prête à donner la flatteuse caresse.
Mon passage en ce monde eût été bien plus court
Mais sans excès d'efforts ni besogne et discourt !
Être un observateur insensible aux mensonges,
Ne s'étonner de rien, s'abandonner aux songes ;
Assister sans comprendre aux complots et secrets,
Ignorer les espoirs ainsi que les regrets ;
N'avoir pour seul souci que sa frugale assiette
Et son panier douillet, le berceau de sa sieste,
N'offrir que sa présence et sa docilité
Contre un peu de tendresse et de tranquillité.
Voilà mon simple vœu ! Mon cher désir n'est autre
Face à l'ambition dans laquelle se vautre
L'homme avide attiré par la gloire et l'argent
Dont je suis à la fois le captif et régent.
Japper à plein gosier envers qui me déplait,
Humidifier d'un jet les pieds d'un pipelet
Sont là des libertés que peut envier un homme !
Dans une peau de chien ! pas de bête de somme !
Je ne souffrirai pas d'une soufflette au train
Accusant mes forfaits commis avec entrain.
Mais je suis un humain de chair et de fantasmes
Mon âme a des états surgissant tels des spasmes.
Une femme paraît...du regard je la suis...
Ah... j'ai tant de bonheur d'être ce que je suis !
DGL
J'AIME MUSARDER
J'aime musarder sur la lande
Ancrée de callunes, d'ajoncs,
Sentir la généreuse offrande
De souffles iodés sauvageons.
J'aime scruter la nue badine
Les hydres, les dracs éthérés,
La rutilance libertine
De l'océan décoléré.
J'aime écouter les asphodèles
Bourdonnantes des apidés,
La scie aiguisée des saut'relles
Concert des soleils de l'été.
J'aime veiller les crépuscules
Quand ils empourprent le jusant
Les mats lointains qui déambulent
Attirés par l'autre versant.
J'aime m'assoupir dans l'arène
Contre le dos rond d'un rocher,
Me rêver placide dolmen
Jusqu'au bout des temps enchâssé,
Ou fauvette réincarnée
Chaque aube à l'aiguail abreuvée.
DGL
AU BAL
"Ce soir au musette, âme seule viens !
Quand l'accordéon s'enflamme, il rassemble ;
Au creux de mes bras mon cœur vésuvien
Te renseigneras sur nous deux ensemble.
L'amour est musique un duo de pas
Jusqu'au bout des jours, chemin de lumière
Fait de petits riens, d'étreintes, combats,
D'un roi, de sa belle en une chaumière".
J'ai goûté ses mots, baume sur chagrin,
Au bal chaque soir emboîtant sa vie ;
Éclat retrouvé par le doux refrain
Mes doutes rompus, me suis asservie.
Nous avons dansé, nous sommes unis
Tangos passion, valses d'harmonie
Puis fin de l'été sous les mots vernis
Baladin menteur n'est que tyrannie.
DGL
LE GUITARISTE
Sur les cordes de sa guitare
Pleure le temps de ses amours
Qu'il balade dans les brouillards
De sa vie aux vastes détours.
D'un cœur à l'autre inassouvi
Jamais un seul il n'a gardé
Courant la gloire et les envies
L'éthique pauvre émoi blindé.
Son instrument donne le change
Quand sur la scène il éblouit
Mais sous les fards et les louanges
Aucun doux passé ne revit.
Dans la solitude des nuits
Sa "Fender" pour seule compagne
Il retombe au fond de son puits
Retisser les fils de l'aragne.
DGL